Ma vie fut un champ de batailles.
J’ai essaimé la guerre
Aux quatre coins de mon monde.
Propageant la révolte et le refus,
Pourchassant l’injustice et la bêtise.
Je fus hippy lorsque l’ordre bien pensant
M’aurait voulu sage étudiant,
Brandissant la contestation dans les rues des villes.
Je sais ce qu’est une charge de CRS
Et le gout des gaz lacrymogènes,
Et je sais les fuites dans les ruelles,
Pourchassé par ces pères de famille en armure.
Je fus objecteur par conscience
Lorsque l’armée voulu faire de moi de la chair à canon,
De la mitraille humaine pour quelques surchargés de testostérone.
Je sais l’espace entre deux barreaux d’une prison militaire,
Et leur ridicules sermons, « tu seras un homme mon fils »…
Et leur machines à tuer le temps, mes rêves de gamin,
Pour m’apprendre à être un gentil collabo.
Je fus rebelle chargé d’électricité,
Lorsque de la douce France, j’en chantais les vices
Sur des scènes au hasard, ma « Melody Maker »
Armée des vraies cartouches de la subversion.
Mes frères d’armes étaient Oberkampf et les Bérus.
Je sais les accords qui sonnent haut
Ce que beaucoup chante tout bas.
Je fus militant, lorsque l’anarchie sentait encore la liberté,
L’amour de son prochain et la joie de vivre ensemble.
« LIBEREZ L’ECOLE » et laissez nos enfants
Devenir les grands acteurs de demain.
Je sais depuis combien la manipulation du langage
Peut balayer toutes la bonne foi du monde.
Je fus écrivain, musicien, architecte, peintre et poète,
Je le fus le plus possible et toujours au service de mon idéal.
Mais je sais maintenant le pouvoir de l’argent
Contre quoi aucune conviction de peut rivaliser.
Et chacun de mes frères a rendu ses armes
Pour une poignée de BMW, ou une bonne école républicaine.
Mes guerres ne furent que du vent et n’ont soulevé que de la poussière.
